mercredi 30 novembre 2016

Alpirsbach; la Clunisienne ;

Alpirsbach est habituellement considérée comme une fille de l'abbaye proche d'Hirsau qui eut un rôle déterminant dans cette région et était au centre d'un vaste programme de reforme monacale déclenchée par la puissante abbaye de Cluny à la fin du XIe siècle.

J'ai déjà abordé le rôle de Saint-Ulrich, ce moine allemand passé par Cluny puis revenu dans la région pour y consacrer de nombreux monuments, et nous reviendront sur le l'imortancede l'abbaye d'Hirsau à l'occasion de la visite des restes de cette abbaye rayonnante. Mais on peut dire déjà que l'ordre bénédictin fut au centre de la querelle des investitures pour affirmer la suprématie de la Papauté sur l'Empereur.

On considère souvent que cette abbaye dédiée à Saint-Blaise ou Saint-Blasien doit son origine au comte de Zollern en 1095.
La construction fut rapide et sans doute achevée au début du XIIe siècle sa consécration étant datée de 1128.

L'église restaurée dans les années 1960 est généralement considérée comme la réplique de son modèle d'Hirsau dont il ne reste que peu de choses . Comme son abbaye-mère elle comporte un plan basilical à trois vaisseaux avec transept saillant et un grand chœur flanqué de tours latérales selon le modèle de Spire ou Speyer. Le chœur reconstruit à l’époque gothique repose sur une crypte surélevée.
Il ne reste des tour qu'une grande tour nord dont la base est romane.



Il existait également un cloître imposant totalement repris à l'époque gothique. Il reste aussi une partie des bâtiments conventuels et de l'enceinte.

On pénètre dans l'église par un vaste parvis où l'on découvre un beau portail où l'alternance de pierre de grès rouge et jaune n'est pas sans rappeler celui de la cathédrale de Speyer mais qui ici possède un beau tympan roman représentant le Christ dans une mandorle soutenu par deux anges. De chaque coté un moine et une religieuse sont agenouillés dans une position d'adoration.


Une belle inscription fait référence à Saint-Jean: on lit autour du tympan:
- " EGO SUM OSTIUM,  DICIT DOMINUS, PER ME SI QUIS INTROIERIT, SALVABITUR ".

La sculpture simple et rude est de belle facture et assez représentative de la sculpture de cette région de l'Allemagne où les tympans sculptés sont plus nombreux qu'ailleurs ce qui n'est sans doute pas sans lien avec le modèle clunisien .



Enfin on ne manquera pas d'admirer, avant d'entrer, les belles ferronneries romanes et en particulier les deux poignées de porte  en forme de têtes de lion avec motifs de serpents, de dragons d'entrelacs et de nœuds considérées par Harld Busch comme les plus belles d'Allemagne et qui rappellent aussi les arts nordiques ou même le paganisme germanique.

Les sources de ce billet sont a chercher dans le livre de Ehrenfried Kluckert: "Romanik in Baden-Württemberg" , De Harld Busch , "L'art roman du Saint Empire" et de Willibald Sauerländer, "Façade ou façades romanes".

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